La Smart Metrology

Livre Smart Metrology.
Jean-Michel Pou détaille dans un livre coécrit avec Laurent Leblond les concepts de la Smart Metrology.

  • Après avoir participé avec sa société Delta Mu à la désacralisation de la périodicité d’étalonnage puis au déploiement de stratégie de surveillance des processus de mesure, Jean-Michel Pou fait la promotion des concepts de la Smart Metrology au travers d’un livre coécrit avec Laurent Leblond expert en statistique industrielle pour le groupe PSA.
  • La métrologie ne doit pas se contenter de la simple gestion d’instruments. L’incertitude ne doit pas rester le seul paramètre pris en compte. La conformité d’un instrument n’est pas la seule garantie de qualité et de performance. De nombreuses décisions sont prises en se basant sur des valeurs mesurées. Or il faut accepter le fait que les mesures ne sont pas justes. Toute décision comporte un risque qu’il faut évaluer en exploitant les statistiques et en analysant l’ensemble des données influant sur le processus.
  • La Smart Metrology, dont les différents aspects sont abordés dans leur livre, exploite donc les technologies informatiques modernes, les capacités de stockage et d’analyse de gros volumes de données pour se mettre au service du pilotage des procédés afin d’établir des exigences réalistes. Objectif : atteindre le juste nécessaire en chassant les surcoûts tout en fabriquant un produit ou fournissant un service à la hauteur des spécifications attendues.

Delta Mu prône depuis sa création en 1998 une autre façon de faire de la métrologie. A cette époque déjà, les métrologues étaient selon son fondateur Jean-Michel Pou trop centrés sur le moyen de mesure. Son but : proposer des méthodes et des outils pour remettre le mesurande au centre des préoccupations industrielles. Respectant certains grands principes édictés par les standards qualités de l’ISO9001, nombreuses sont les entreprises qui se contentent d’une vérification régulière de leurs instruments alors qu’il est tout aussi important de se focaliser également sur le processus de mesure ainsi que d’autres paramètres affectant la mesure et pas uniquement sur les seules aptitudes de l’appareil.

La désacralisation de la notion d’étalonnage annuel a été une démarche de longue haleine qui a porté ses fruits par l’application de nouvelles approches auprès de certains industriels. Il faut évidemment se poser la question de l’usage exact de l’instrument dans les processus, et mettre en place des outils de surveillance afin de ne pas attendre la phase d’étalonnage annuelle pour s’assurer que tout va bien. L’industriel se doit d’exploiter l’ensemble des données pertinentes dont il dispose pour effectuer une métrologie plus intelligente et faire un grand bond dans l’ère de la Smart Metrology.

La Smart Metrology est, d’une certaine façon, une des briques du concept très en vogue de la Smart Industry ou Industrie du futur qui vise à redynamiser l’industrie française par l’exploitation des technologies matérielles et logicielles considérées comme porteuses d’avenir et dont une partie a déjà fait ses preuves sur le terrain industriel. Delta Mu profite de cette effervescence pour lancer le concept de la Smart Metrology et en faire sa marque de fabrique. La Smart Metrology vise à exploiter toutes les données dont on dispose pour faire de la métrologie autrement, parfois mieux, souvent plus efficacement afin de prendre de bonnes décisions.

La Smart Metrology se résume en quelques mots : proposer, maîtriser et accompagner dans leur mise en œuvre les processus de mesures idoines pour assurer la fiabilité des mesures et ainsi maîtriser les risques liés aux décisions. Ce qui revient donc à utiliser la mesure pour prendre des décisions appropriées. Et d’évaluer l’impact de la mesure sur la décision qui doit être prise : conforme ou pas, réglage ou pas… La décision sera d’autant plus pertinente que l’on comprend ce que l’on mesure.

Or les mesures ne sont pas justes, ni dans le cadre des échanges commerciaux ni dans celui de l’industrie. Les décisions prises ne peuvent donc pas être certaines. Elles entraînent donc un risque avec des conséquences à différents niveaux et à divers degrés de gravité. Il existe un risque client (déclarer conforme une entité qui ne l’est pas ou encore ne pas régler un procédé qui devrait pourtant l’être) et un risque fournisseur (déclarer non conforme une entité qui est conforme en réalité ou encore régler à tord un procédé). Ces deux types de risques ne s’équilibrent pas.

Chaque application exige donc une évaluation des risques, et la détermination de l’impact des mesures selon les exigences attendues et les aléas inhérents. Des calculs appropriés, reposant sur des données provenant d’expérience passées et de processus déjà réalisés, permettent de s’en sortir. Ils relèvent de la statistique, science que se doit donc d’acquérir le métrologue du futur. L’atteinte du « Juste Nécessaire » que prône la Smart Metrology, est un enjeu majeur, tant pour la compétitivité industrielle que pour le respect des écosystèmes. Etre trop exigeant dans l’établissement de ses processus de fabrication et de contrôle entraîne bien souvent une surconsommation de matière première et d’énergie, des pertes de temps et des surcoûts sans oublier l’impact écologique.

L’objectif est clairement de sortir le métrologue de la seule gestion d’un parc d’instruments. Il ne faut pas faire de la métrologie pour répondre à la seule attente de l’auditeur qualité. Il est nécessaire de bien comprendre l’enjeu des mesures et d’appréhender les attentes de chacun des acteurs de la société qui les exploitent. Il faut alimenter le système qualité d’indicateurs pertinents, hiérarchiser les criticicités, établir les tolérances optimales, etc. Le Smart métrologue doit pouvoir discuter avec tous les intervenants d’un processus pour identifier les véritables besoins.

Multiplier les mesures rassure mais ne règle pas les problèmes de fond. De plus, si la tolérance acceptée est du même ordre que l’incertitude de mesure, la décision qui sera prise n’aura aucun sens. Viser l’efficience consiste à s’assurer que les tolérances, les outils de production et les moyens de contrôles sont compatibles. Il ne faut pas non plus donner un chèque en blanc aux laboratoires d’étalonnage et ne pas se focaliser sur le seul instrument. La mise en place du processus de vérification d’instruments exige beaucoup de bon sens et de précautions.