- La guerre des données aura-t-elle lieu ? Dans le secteur grand public et l’univers de la grande consommation, les données relatives aux modes de consommation, aux usages, aux préférences et à diverses autres habitudes sont l’objet de bien des convoitises. Chacun essaie de récolter des données pertinentes et cherchent à les traiter le plus efficacement possible pour en tirer profit.
- Les plateformes numériques dites GAFAM (Google-Amazon-Facebook-AppleMicrosoft) ont fait de la donnée un de leur cheval de bataille et un de leur axe de développement. Chaque plate-forme déployant d’importantes ressources pour capter et valoriser au mieux ces données.
- Dans l’univers du B2B, la bataille ne fait que commencer. Dans son rapport intitulé « Prix et valeur des données dans la plateformisation numérique – Repères pour les relations interentreprises », l’ANRT décrypte les enjeux du traitement des données dans l’univers inter-entreprises et estime qu’il ne faut pas laisser aux GAFA l’opportunité de se saisir de ce nouveau marché.
- Dans son rapport, l’ANRT souligne que la plateformisation numérique lorsqu’elle concerne les relations entre les entreprises (B2B) constitue une opportunité économique cruciale, qu’il convient de saisir en France et en Europe, et qu’il convient donc d’encourager les démarches publiques et privées qui concourent à l’organisation des chaînes de valeur des données au plus près des métiers et secteurs concernés.
Le rapport de l’ANRT s’emploie à répondre à trois questions essentielles : Comment, dans le mouvement de plateformisation numérique B2B, les données acquièrent-elles une valeur ? Comment établir une compréhension commune de leurs chaînes de valeur qui favorise le partage de la valeur au sein des écosystèmes, à de justes prix ? A quelles conditions d’infrastructures et de régulations ?
Le rapport de l’ANRT intitulé « Prix et valeur des données dans la plateformisation numérique – Repères pour les relations interentreprises » décrit les conditions dans lesquelles les écosystèmes métier sont capables de se coordonner pour créer de la valeur à travers l’examen de trois des secteurs les plus avancés en ce domaine : la santé, l’automobile, l’énergie. La grille de lecture fait de l’écosystème du domaine technologique le juste lieu de définition des comportements des entreprises. C’est le cas en matière de prix et de valeur des données. La description des enjeux propres à un secteur est donc l’occasion d’éclairer l’action par des repères spécifiques. Ils sont au nombre de trois :
1. Ce qui fait la valeur des données : les traitements croisés dont elles peuvent faire l’objet
Avant de créer de la valeur à partir de données, encore faut-il qu’une entreprise se dote de capacités à combiner puis à traiter ces données issues de sources variées, internes comme externes à l’entreprise. Ces traitements nécessitent des investissements matériels et logiciels importants et résultent de contributions d’experts, rares. Ils concernent des maillons spécifiques de la chaîne de valeur desdites données. Echanges, partages, achats croisés ou trocs s’expriment au regard de quantités et de qualités des données (penser la donnée comme un vecteur, au sens mathématique, pas comme un point du plan). L’ANRT plaide donc pour des démarches délibérées d’établissement d’une compréhension commune de la chaîne de valeur des données, métier par métier. Ces efforts, à l’initiative des intégrateurs systémiers impliqués et en coopération avec les entreprises du numérique, forment un socle préalable. La politique industrielle peut contribuer à établir les conditions de l’élaboration d’une lecture commune de la chaîne de valeur des données. C’est la clé de voûte de l’intervention publique en faveur de saines, fructueuses et structurantes relations entre les entreprises en cours de plateformisation numérique.
2. Pour l’avènement de l’industrie de la confiance, une sécurité by design
La valeur des données est corrélée à celle de la protection que leur attribuent leurs producteurs, usagers ou propriétaires. La qualité de l’infrastructure informatique, composée de ressources technologiques interopérables, incorpore en outre un ensemble de règles au caractère immuable et auditable. Cette qualité constitue la condition vitale du développement de la plateformisation numérique des entreprises opérant sur les sites français et européens. Une infrastructure de confiance est à portée d’action en France et en Europe. Elle procède de choix technologiques raisonnés et explicables, caractéristiques de la souveraineté. Les investissements publics et privés nécessaires à l’avènement de cette économie de la confiance sont susceptibles de rendements sociaux élevés. A encourager donc.
3. Vers une platformonomics, contenir les tentations de traitements différenciés
Les intégrateurs-systémiers et leurs très nombreux fournisseurs et sous-traitants œuvrent aujourd’hui à leur transformation radicale en tant que plateformes numériques, pour des métiers « cœur de leur business ». Tous les intervenants de la chaîne de valeur entendent obtenir des rendements économiques des données d’usages supérieurs à ceux des autres. Aucune position n’est donc privilégiée. Le modeste client d’aujourd’hui pourrait devenir le fournisseur de composants/prestataire de service incontournable de demain. Au sein de cette effervescence, les tentations pour les entreprises à adopter des comportements de traitements différenciés (par opposition à la neutralité) sont inhérentes. Les écosystèmes métier ont tout intérêt à se doter de règles explicites qui favorisent l’auditabilité des données, techniques et architectures de données sous-jacentes à la plateformisation numérique. Telle pourrait être la recommandation d’une économie industrielle progressiste dédiée à l’analyse des comportements des entreprises au sein des plateformes numériques. Cette platformonomics reste encore largement à élaborer.
>> Le rapport complet est téléchargeable gratuitement sur le site Internet de l’ANRT.
- ANRT en bref
L’ANRT – Association Nationale de la Recherche et de la Technologie – a été créée en 1953 par les principaux acteurs de la recherche en France. Elle compte aujourd’hui, environ 350 entreprises, universités et organismes publics de recherche qui unissent leurs forces pour stimuler les partenariats de recherche public-privé et accroître l’efficacité du système français de recherche et d’innovation. Ses actions visent à promouvoir la coopération entre les entreprises et les laboratoires dans toutes les disciplines et tous les secteurs industriels.