- Une machine, un robot ou tout autre appareil électronique ou mécatronique peuvent-ils être qualifiés d’intelligents ?
- Leur supposée intelligence ne proviendrait de toutes façons uniquement des capacités de traitement logiciel qu’ils embarquent. Ces logiciels sont-ils intelligents ?
A priori certains sont suffisamment sophistiqués pour déclencher des actions adéquates en fonction des circonstances rencontrées. Mais sont-ils capables de s’adapter réellement à toutes les situations ? Ils peuvent évidemment s’adapter aux situations qui ont été a priori envisagées par leurs concepteurs. Il est peu probable qu’ils s’adaptent parfaitement à des situations inédites ou que leur réponse à ces situations inédites soit la plus appropriée.
Qualifier d’intelligent une machine, un robot, ou tout autre appareil n’est certainement pas l’adjectif le mieux choisi. Grâce aux circuits électroniques, aux capteurs, aux interfaces de communication et aux logiciels de traitement et de pilotage qu’ils exploitent, leurs performances, leurs aptitudes et leurs capacités d’analyse s’accroissent d’année en année. Cependant, ils ne sont pas pour autant plus intelligents. Ils gagnent surtout en performance et en efficacité pour les opérations pour lesquelles ils ont été conçus et programmés.
Cette machine, ce robot, ou cet appareil pourraient-ils être qualifiés d’intelligents lorsqu’ils exploitent des technologies logicielles que l’on qualifie communément d’Intelligence Artificielle ?
Selon Amine Benhenni, directeur Scientifique et co-fondateur de Dataswati : « l’intelligence artificielle fait référence aujourd’hui, par abus de langage, aux domaines du machine learning et de l’apprentissage statistique, qui sont des approches algorithmiques permettant à des systèmes d’apprendre des comportements particuliers à partir des données qui servent d’exemples à suivre. On constate une véritable explosion ces dernières années du sujet grâce à la disponibilité de données en grandes quantités permise par l’écosystème du Big Data et à la multiplication des capacités de calculs à l’échelle : accessibilité de serveurs de calcul dans le cloud, nouvelles générations de carte graphiques particulièrement adaptées aux types de calculs sur lesquels l’IA repose, etc ».
En titre de son ouvrage, Luc Julia, vice-président mondial de l’innovation chez Samsung déclare carrément que « L’intelligence artificielle n’existe pas ». Dans une interview accordée à Stratégies, il indique que l’utilisation du terme intelligence artificielle est abusive. Pour conserver l’acronyme « IA », il préfère les termes « intelligence augmentée », ou « intelligence assistée ». Il est même gênant pour lui de parler d’« intelligence » car il n’y en a pas. Selon lui, des spécialistes de l’IA «diront que cette intelligence est loin d’être aussi intelligente que notre cerveau».
L’intelligence artificielle (IA) tente en effet d’imiter ou de reproduire l’intelligence humaine en y ajoutant sa capacité d’analyser un immense volume et une grande variété de données à très grande vitesse. Sous le concept d’intelligence artificielle se croisent diverses techniques simulant les processus cognitifs humains : deep-learning, réseaux neuronaux, etc. Avec la puissance croissante des traitements informatiques conjuguée à la diminution des coûts du matériel et des logiciels, les algorithmes peuvent aujourd’hui explorer un grand volume de donnée et une variété de paramètres concernant un processus afin d’identifier une corrélation entre elles qui pourrait répondre à une problématique, optimiser un process, prévenir une défaillance ou déclencher une action.
Donc qu’elle soit qualifiée d’artificielle, d’augmentée ou d’assistée, l’intelligence attribuée à une machine, un robot ou tout autre appareil fait référence à sa capacité à traiter des données et les analyser afin de prendre une décision, donner un résultat ou déclencher une action. Grâce aux outils algorithmiques et aux systèmes informatiques évolués, une machine, un robot ou tout autre appareil peuvent gagner en fiabilité, en rapidité, en efficacité, en puissance, en précision… Ils surpasseront bien souvent les capacités humaines dans de nombreuses situations spécifiques. Mais envisager que leur intelligence égale sur tous les plans celle des hommes qui les ont conçu, c’est un peu croire au père Noël.
YB