- Un pont suspendu s’est effondré lundi 18 novembre 2019 à Mirepoix-sur-Tarn, une commune de Haute-Garonne située au nord de Toulouse.
- De tels accidents pourraient peut-être être évités si des systèmes de surveillance alertant de la santé des structures étaient mis en œuvre.
- De telles solutions de surveillance ne sont pas systématiquement déployées. Pourtant, techniquement, la plupart des systèmes de mesure et de transmission des données sont opérationnels et ont déjà fait la preuve de leur efficacité dans de nombreuses situations.
- Dans le cas du pont de Mirepoix-sur-Tarn, un système de surveillance aurait pu prévenir d’une éventuelle faiblesse structurelle, mais n’aurait évidemment pas empêché un camion ne respectant pas les règles de le traverser. L’ouvrage était en effet interdit aux véhicules de plus de 19 tonnes.
- Lors de la 2ème journée nationale SHM-France, autour du thème du structural health monitoring (SHM pour contrôle de santé des structures), Pierre Peyrac, du ministère de la transition écologique et solidaire, a expliqué qu’il était difficilement envisageable d’instrumenter et de surveiller à distance les milliers de ponts français compte tenu du coût d’installation et d’exploitation des solutions de mesure, de collecte et d’analyse de données, et de la grande diversité des structures et des défauts à identifier, ainsi que des incertitudes qui subsistent quand à la capacité des fournisseurs d’instrumentation et de logiciels de garantir leur pérennité, leur disponibilité et leur mise à jour durant des dizaines d’années.
Pierre Peyrac, du ministère de la transition écologique et solidaire a ainsi exposé lors de la journée SHM France, qui s’est déroulée le 14 mars 2019, le processus de surveillance des 12000 ponts, 6000 murs et 42 tunnels de plus de 300 mètres faisant partie du réseau routier national non concédé.
Une véritable gageure compte tenue de leur répartition géographique et de leur disparité tant au niveau structurel que de leur âge. La tâche est d’autant plus délicate que la durée de vie d’un pont s’étend sur une centaine d’année et que la moitié d’entre ne sont qu’à la moitié de leur vie. Le processus de surveillance et d’évaluation des ouvrages d’arts comprend plusieurs étapes : une visite annuelle, une évaluation tous les trois ans, et une inspection détaillée par période de six ans d’ouvrages et de certaines parties spécifiques (inspection subaquatique par exemple).
Les évaluations et les inspections détaillées s’effectuent essentiellement visuellement et réclament dans certains cas la mise en place de moyens d’accès particuliers (nacelles élévatrices, plate-formes mobiles). Le constat d’un défaut déclenche un processus d’investigation, des recalculs, et la mise en place d’instrumentation selon la pathologie décelée (déformation, ouverture de fissure, ouverture de joint…). Il est possible de mettre en place un système de transmission en temps réel vers un serveur Internet dans les situations réclamant une surveillance renforcée.
« L’instrumentation peut-elle compléter ou se substituer à la détection de certains désordres actuellement réalisée par inspection visuelle ?, s’interroge Pierre Peyrac. Si oui, quels sont les coûts d’installation et de maintenance ? Quelles sont les durées de vie des instrumentations (usure des composants, maintenance des systèmes) ? Comment gérer les marchés de suivi de l’instrumentation sur le long terme ? Quel bénéfice pour le maître d’ouvrage ? ». Aux fournisseurs et aux prestataires spécialisés du domaine SHM de fournir les réponses attendues.
- Qu’est que le SHM ?
Le contrôle santé des structures ou SHM (Structural Health Monitoring) consiste à intégrer des capteurs dans une structure afin de suivre son état de santé via des algorithmes analysant les mesures collectées. Les technologies SHM visent à réduire les coûts de maintenance et les temps d’immobilisation des installations et des composants industriels critiques, tout en maximisant la fiabilité des diagnostics et des pronostics.