Peut-on punir un robot ?

The punishment de Filipe Vilas-Boas.
Sur l’installation « The punishment » de Filipe Vilas-Boas, un robot exécute sans relâche sa punition.

L’Industrie du futur entend exploiter l’intelligence des robots pour optimiser et fiabiliser ses processus, gagner en productivité et en qualité de fabrication, s’adapter plus facilement aux changement de formats et de produits…

Lorsqu’un robot gagne en « intelligence » pour l’exécution d’opérations pour une application donnée, c’est que ses concepteurs ont su le doter de ressources logicielles et matérielles plus sophistiquées lui permettant ainsi d’agir, de réagir et de prendre des décisions plus appropriées aux situations rencontrées et donc de donner l’impression de se comporter plus intelligemment.

Cette « intelligence » accrue peut être le fruit de l’exploitation de techniques imitant le mode opératoire des réseaux de neurones humains communément regroupées sous le vocable d’intelligence artificielle.

Cependant, lorsqu’un robot artificiellement « intelligent » commet une erreur, peut-on le punir ?

De nos jours, les punitions imposées autrefois aux turbulents écoliers n’ont plus tellement cours. Mais au début des années soixante, lorsque les premiers robots sont déployés dans l’industrie, il était encore fréquent que les instituteurs demandent à un élève indiscipliné de recopier des dizaines de fois la même phrase en espérant que cet exercice rébarbatif lui fera comprendre qu’il ne doit plus reproduire le comportement pour lequel il a été puni.

Une telle punition pourrait-elle servir à l’apprentissage d’un robot intelligent ? On peut en douter. Car un robot, même exploitant des algorithmes d’intelligence artificielle, peut certes apprendre de ses erreurs mais en se basant sur des données liées à son environnement, les résultats de ses actions, et des règles qu’il doit respecter.

The punishment de Filipe Vilas-Boas.
Le robot recopie inlassablement la phrase « I must not hurt humans » (Je ne dois pas blesser les humains).

S’il est puni, le robot, fidèle à sa réputation, exécutera toutefois sa punition avec fiabilité, sans rechigner, sans saute d’humeur, ni manifestation de fatigue, et avec une extrême application. 10 lignes, 100 lignes, 1000 lignes, 10000 lignes à recopier ne le décourageront pas. Il exécutera sa tâche sans relâche. Si vous en doutez, vous pouvez vous en assurer ces jours-ci à la Cité des sciences et de l’industrie de Paris, où un robot, installé à une table d’écolier, est affairé à recopier « I must not hurt humans » (Je ne dois pas blesser les humains). C’est la punition que l’artiste Filipe Vilas-Boas a infligé à un robot, au travers de son installation intitulée « The punishment » qui amuse petits et grands. Une fois une page d’écriture achevée, le robot arrache la page à l’aide d’une ventouse pneumatique et poursuit l’execution de sa peine.

Certains enfants épatés par la dextérité et la belle écriture du robot, se demandent s’ils ne peuvent pas disposer d’un tel compagnon à l’école. Pourquoi donc emmener un robot à l’école ? Et pourquoi même doit-on encore aller à l’école ? A l’avenir, chacun d’entre nous possédera, à l’instar de nos actuels smartphones, un robot intelligent qui nous suivra partout. Inutile d’apprendre à lire, écrire, compter, raisonner… Notre robot le fera pour nous 😉